09 décembre 2024

Le billet de Christophe PARROT - épisode 2 sur 6

Bonjour à vous toutes et tous, pédaleuses, pédaleurs ou simple curieux,


Ce billet a été écrit après avoir rédigé les autres, après leur relecture. Il me manquait un maillon, un lien entre l’introduction et les prochains chapitres.
Un peu comme une chanson que l’on compose après avoir écouté la maquette de l’album. 
Ou comme ces derniers kilomètres que l’on va faire parce le compteur n’affiche pas un chiffre rond à la fin de la sortie, lorsque l’on passe devant le portail et que l’on ne déclipse pas les cales. 
Pour combler un vide, affectif et audacieux. Pour répondre à la question que l’on ne se pose pas.

J’aborderai dans les prochaines semaines une vision plus technique de l’ultra, une vision qui répondra davantage aux amateurs de la petite reine. Un partage de cette vision, de ma vision, de mes expériences passée. Pour toutes celles et tous ceux qui voudraient mettre les mains en haut du cintre et se laisser porter sur le goudron des bornes à profusion. Là, je trouvais qu’il manquait une étape à ce cheminement. Il manquait une réponse à la question que tu pourrais te poser en lisant ces premiers mots. Et cette question, elle pourrait être "pourquoi aller sur l’ultra ? ». "Qu’est ce qui moi, coursier ou cyclo, me pousserait à aller me déchirer le mollet, me défoncer les cervicales alors que la tartiflette familiale est au four et que le côtes rôties sont sur la table ? »

Il n’y a pas de réponses rationnelles ou mathématiques. Pas de 1 + 1 = 2. Par de Jacques + Raymond = Tour.
Les réponses sont à la fois personnelles et communes, elles ne répondent à aucune règle. Et ce n’est pas moi qui vais commencer à devenir le druide du savoir, le Cyril Guimard de l’histoire (petit clin d’œil à RMC et à son podcast vélocipédique).

Ici, je vais juste essayer de transcrire ce que je ressens, ce que j’entends, ce que je perçois au fil du temps passer sur Brooks déformée.

Le passage à l’ultra répond à plusieurs envies de découverte, qu’elles soient purement physiques, mentales, introspectives, à des envies de pimenter un quotidien sportif un peu fade.
Et ça, il n’y a que toi qui puisse y apporter une réponse. Ta réponse. Une réponse à affronter yeux dans les yeux, devant ta glace. Et non pas en lisant tout ce qui pourrait t’empêcher de basculer du côté éclairé de la montagne. Ces réponses, tu les trouveras en cochant tous les bénéfices que l'ultra pourrait t’apporter.

Effectivement, tu vas trouver devant toi des portes qui vont se fermer. Des obstacles à franchir.
Devant ces portes et ces barrières, tu devras réfléchir aux solutions, aux stratagèmes qu’il faudra mettre en place pour passer derrière. Alors bien sûr qu’il te manquera du temps pour aller rouler comme tu le souhaiterais. Bien sûr, l’ultra demande un budget que tu n’auras peut-être pas jour où tu prendras ta décision. Bien sûr que tu seras certainement inquiet de devoir aller rouler seul pendant des kilomètres et des kilomètres. Bien sûr que l’hiver te fera peur, avec son froid, son vent et sa nuit qui tombe alors que l’heure du goûter sonne encore dans toutes les écoles communales. Et je ne pourrai pas finir cette clôture de barbelé sans avoir une pensée pour mon entraînement et ma plate-forme ROUVY qui fonctionne à des heures ou le commun des mortels use son fond de culotte sur sa banquette, les mirettes devant une série sur le Tour de France ou un jeu d’agriculteurs cherchant l'amour.

Alors oui, tu rencontreras des obstacles. C’est certain. Mais si tu veux vraiment aller sur la route de l’ULTRA, tu trouveras tes propres solutions qui te permettront de prendre du plaisir.

L’ultra, ce n’est pas rouler 3 000 km chaque mois ou garder le fessier sur sa selle durant plusieurs jours. L’ultra, c’est aussi faire une sortie sur une journée, sur un week-end.

L'ultra, ce n’est pas forcément prendre le train puis une voiture de location pour aller sur le point de départ. L'ultra, c’est aussi aller rouler autour de chez soi, d’aller un petit peu plus loin que tu as l’habitude d’aller de manière naturelle. 

L’ultra commence le jour où tu décides d’y aller.
L’ultra, pour moi, commence au premier jour de la préparation. L’ultra commence dès lors que tu commences à répondre à toutes les questions listé ci-dessus. Et toutes les autres. L’ultra, c’est dessiner la trace de mon futur ride sur mon komoot chéri. J’ai eu le plaisir d’aborder tous ces points lors de l’écriture des prochains billets que tu découvriras très prochainement.

Me concernant, afin d’aller dans le vif, pourquoi l’ULTRA ?

Tout d’abord, pour avoir un projet de vie.
Quand je dis projet de vie, je pense à un projet de vie personnel autour du sport, de ma passion, un projet de vie que je pourrais identifier comme égoïste. C’est mon projet et je vais le monter comme je le veux. Alors oui, il est nécessaire d’en parler autour de soi afin de lever les quelques contraintes familiales. Alors oui, il faudra opérer des aménagements au quotidien pour préserver ce qu’il y a de plus cher dans la vie, à savoir la vie de famille et la santé. Alors oui, j’allais oublier, il y a aussi l’activité professionnelle, le taff, le boulot. Bon là c’est un autre sujet, on est obligé de s’y plier. Mais il y a aussi quelques possibilités d’aménagement. Mais chut, pas ici, mon boss pourrait lire...

Ce projet il va m’occuper l’esprit chaque jour, à chaque moment. Lorsque je suis seul au volant, avant de m’endormir, au réveil, ou sur la selle.
Mais quoi de plus motivant que de construire un projet autour de sa passion. Devenir acteur de sa passion et ne pas se laisser au rôle de suiveur. Quel plaisir de prendre le relai et de ne pas rester dans les roues. Quel plaisir de monter ce projet et pourquoi pas, le proposer à ses proches ? Ses proches avec qui nous pourrions partir sur les routes ou les sentiers. Pour moi, la création de ce projet est ma première motivation.

Ma deuxième motivation concerne la partie « sport »  de l’ultra.
Alors que sur une sortie courte, on peut développer des watts, on peut se rentrer dans le museau, on peut se mettre minable et jouer le maillot à pois en haut de la Bosse de quartier, tout ceci n’est pas possible en ultra. En ultra, tu vas gérer ta puissance, ton énergie, et tous les autres paramètres que tu découvriras très vite au travers les prochaines publications. Rouler des heures à basse intensité est un vrai kiff, une vraie drogue. Cette addiction, elle est possible car elle est plaisir.
Me concernant, ce n’est pas 54 ans que je pourrais remporter un maillot vert ou à pois. Et même si le blanc est à portée de manivelles (sic), je préfère afficher des kilomètres, sans souffrir, avec plaisir, dans la nature dans notre beau pays. Mais bor…., quoi de plus agréable ? Et avec le temps, ta soif de kilomètres et de découvertes va grandir jusqu’à ne plus avoir assez de tes 3 bidons fixés sur ton cadre.

Ma troisième motivation concerne la partie mentale du sujet.
Partir pendant des heures, des jours te construis, au fur et à mesure du temps, un mental à tous épreuves. Ce mental, cette capacité à surmonter la douleur, l’ennui, cette capacité à résoudre les problèmes quand ils se présentent va te servir dans ton  quotidien, dans ta vie de tous les jours.
Rester des heures sur la selle va te faire rencontrer mille et une situations différentes. Des situations complexes, difficiles, que tu devras affronter avec clairvoyance et un minimum de recul. Il te faudra réagir en conséquence. Alors que dans la vie de tous les jours tu te réfugie derrière des excuses, une application ou un énervement, là tu seras face à toi-même. Il ta faudra prendre la bonne décision. Sans avoir à te cacher. 

Concernant la douleur, tu apprendras à la dompter. Tu apprendras à la décrocher de ton cerveau et, petit à petit, tu feras tienne de cette douleur.

C’est certainement, pour moi, ce que m’a appris le plus la pratique de l’ultra : être capable d’analyser ce qui m'arrive et, tout de suite, me projeter sur la solution. Très rapidement, j’analyse les raisons, je checke les différents paramètres. Je vais essayer de les comprendre, de les analyser pour trouver la bonne solution. Mais dès qu’ils se présentent, je transforme mes ennuis en positif. Je vais chercher la solution parce que sans cela, je reste là, au milieu d’une forêt, d’un col, d’une campagne ventée. Seul. L’ultra m’a permis de changer de paradigme et de processus de réflexion. Fini de regarder le bout de ses grolles, je lève la tête pour aller chercher la suite.

L’ultra, j’y suis allé pour tout ça et pour tout ce que tu pourras lire lors des prochaines semaines.
J’ai encore en tête tous ces moments merveilleux, qu’ils soient sur deux pieds ou sur deux roues. Si je n’avais pas fait d’ultra, je n’aurais pas couru dans le désert avec un sac à dos 14 kg, en total autonomie.
Si je n’avais pas fait d’ultra, pas d'UTMB. Pas de traversée du cirque de Mafate ni de lever de soleil en haut du Maido.
Si je n’avais pas fait d’ultra, je n’aurais jamais vécu un lever de soleil comme celui que j’ai eu la chance de vivre à la sortie des gorges du Verdon, un matin de juin, où, les cigales jouaient dans les champs de lavande. Ce plaisir et sa jouissance venaient contrebalancer mon envie de rejoindre Mandelieu à tout prix.
Si je n’avais pas fait d’ultra, jamais je ne serais parti avec mes trois copains de Paris pour rejoindre Roubaix, jamais je n’aurai pu poser mon gravel sur ces pavés qui m’avaient fait tant rêver les dimanches d’hiver, devant la télé, avec père et grand-père. 
Si je n’avais pas fait d’ultra, jamais je n’aurai pu redécouvrir les plages normandes avec mes deux enfants, tous les trois sur nos bicyclettes ; ces deux jours là, le mot « liberté » avait une signification qui dépassait le cadre de ce mois de juin 44.

Tout ceci ne serait pas l'ultra si il n’était pas associé au partage.
L'ultra m’a permis, permet à tous sa communauté, te permettra, de passer des moments inoubliables, que ce soit avec tes amis les plus proches ou avec cet inconnu rencontré quelques kilomètres plus tôt, avec qui tu vas nouer un lien particulier qui pourra aller bien au delà d’un 06. J’ai la chance d’avoir quelques très très bons amis, avec qui, j’ai partagé nombre de kilomètres. Nous avons vécu tellement de belles choses qui m’ont donné tant de bonheur. Nous avons vécu tellement de moments précieux qui m’ont permis de me construire tel que je suis aujourd'hui. Ces moments de partage, parfois de montée de testostérone, permettent tout simplement de vivre. De vivre des moments de plénitude si importants, si nécessaire, si vitaux.

La vie est courte, elle nous réserve souvent des moments complexes, compliqué, difficiles. S’offrir des parenthèses en ultra permet d’y projeter quelques rayons de ton soleil. Des parenthèses précieuses pour regarder devant, avec calme, sourires et bonheur.
La réponse à la question initiale est toute simple et je m’excuse dès à présent d’avoir pris ton temps pour la lecture de ces nombreuses vignes.
La réponse à la question « pourquoi aller sur l’ULTRA » et très simple : pour VIVRE.

A la semaine prochaine,

Christophe Parrot

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